Au petit matin c'est déjà la fin
Adam Bilardi

Exo Exo, Paris
January 13 – February 12, 2022

press release

Au petit matin c'est déjà la fin, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Au petit matin c'est déjà la fin, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Au petit matin c'est déjà la fin, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris
Adam Bilardi
Adam Bilardi, Avec toi c’est être seul, 2021
Oil on canvas
35 x 22 cm
Inquire
Adam Bilardi
Adam Bilardi, Le code pour rentrer dans ton cerveau, 2021
Oil on canvas
35 x 25 cm
Inquire
Adam Bilardi
Adam Bilardi, Une bonne journée, ça peut être un adieu, 2021
Oil on canvas
120 x 80 cm
Inquire
Adam Bilardi
Adam Bilardi, Relation 100% honnête, 2021
Oil on canvas
130 x 97 cm
Inquire
Adam Bilardi
Adam Bilardi, Seul avec l’interdit, 2021
Oil on canvas
15 x 20 cm
Inquire


*scroll for English*


Il est 22h30 quand j’appelle enfin Adam. On est dimanche, il sort du cinéma.

- T’es allé voir quoi ?
- ‘Residue’
- Connais pas
- Ça parle d’un mec qui retourne dans les quartiers où il a grandi et il ne reconnaît plus rien. C’était horrible, j’ai failli sortir…

J’entends mon fils m’appeler. Il ne dort toujours pas.

- Attends, je te rappelle dans 5 min
- Ok

‘J’ai peur des murs maman’. Je me souviens encore petite de cette sensation ultra désagréable de ne pas maîtriser la perspective de ma chambre, de ne pas saisir la distance entre moi et le plafond, le voir parfois trop loin pour me protéger ou le sentir trop près, sur le point de m’écraser.

- Ok, I’m back, désolée. Tu peux m’envoyer les titres de tes nouvelles peintures ?

Un jour, j’ai montré à mon fils un tableau d’Adam. Il m’a dit qu’il trouvait que c’était ‘entre le câlin et se battre’.

- Ouais, les titres c’est un peu tout pour moi (il rit). Parce que je trouve qu’ils disent souvent plus que l’image. Ils en sont comme les paroles. Ils nous guident.

Je reçois un message. Comme un poème.

Une bonne journée ça peut être un adieu
Avec toi c’est être seul
Le code pour rentrer dans ton cerveau
Une relation 100% honnête
Seul avec l’interdit

Les peintures d’Adam sont des peintures de l’aube. Il y a des oranges et des rosés fluo qui émergent du fond comme une lumière du matin qui peinent à sortir.

- Oui, il y a un des titres qui est tiré d’un morceau de Booba, ‘Scarface’. J’aime bien l’idée que la musique soit un espace émotionnel privilégié. Booba par exemple, il parle d’amour dans ce morceau, alors que je suis sûr que dans la vie il n’en parlerait pas.

Les peintures d’Adam sont des portraits de la dualité. Evidemment ils sont toujours deux, dans l’étreinte, dans le conflit. Elles sont la représentation d’un amour idéalisé comme celui qu’on retrouve dans les contes, un échange qui serait brut et sincère et qui rend la peau un peu bleue comme si les corps avaient lutté tard dans la poussière, comme s’ils étaient couverts de suie.

- On se cherche tous un miroir. Je crois qu’au fond on vit des relations pour mieux se connaître soi-même.
- Et les chiens ?
- Quoi les chiens ? Les chiens c’est une métaphore. C’est un animal. Lui aussi est pris dans des liens relationnels, mais il n’est pas sexué. Il est plus agressif.

Je me rends compte que dans les tableaux d’Adam, les hommes ne sont pas sexués non plus. Leurs corps sont mal à l’aise. Ils sont un peu en morceaux. Ils sont anguleux comme des roches.

- T’en feras plus ?
- Des chiens ? Bien sûr que si !

A l’Ecole, Adam me raconte qu’il voulait parler d’amour mais qu’il refusait qu’on le catalogue comme un homme qui peignait des hommes. Il se souvient qu’il voulait surtout parler de sentiments et qu’on se moquait de lui, qu’on jugeait son ambition trop superficielle. ‘Il faut arrêter de tout faire avec le coeur’, disaient certains prof.
- J’ai pas compris. C’est là que j’ai commencé à pendre des chiens. Puis j’ai fait une saturation des chiens, et maintenant je fais une saturation des mecs, …
- Au fond c’est pareil ?
- Le sujet est le même oui. Le lien.
- …
- J’ai fait un cauchemar horrible cette semaine. Il n’y avait personne qui venait à mon vernissage, personne !
- Hum, les chiens te manquent je crois.


– Elisa Rigoulet



It’s 10:30 pm when I finally call Adam. It’s Sunday night, he’s coming out of the movie theater.

- What did you see ?
- ‘Residue’
- don’t know it
- It’s about a guy who goes back to the neighborhood he grew up is and he doesn’t recognize anything. It was horrible I almost left…

I hear my son calling me. He is still not asleep.

- Wait, I’ll call you back in 5
- Ok

‘I’m scared of the walls mom’. I still remember this very unpleasant sensation as a kid not to be able to manage the perspective of my room, not to grasp the distance between me and the ceiling, to see it sometimes too far away to protect me or to feel it too close, about to crush me.

- Ok, I’m back, sorry. Can you send me the titles of your new paintings ?

One day, I showed a painting from Adam to my son. He told me it looked between ‘a hug and a fight’.

- Yeah, titles is pretty much everything to me (he laughs). Because I think they often say more than the image. They are like its lyrics? They guide us.

I get a message. Like a poem.

Une bonne journée ça peut être un adieu (A good day it could be a goodbye)
Avec toi c’est être seul (With you is being alone)
Le code pour rentrer dans ton cerveau (The code to enter your brain)
Une relation 100% honnête (A relationship 100% honest)
Seul avec l’interdit (Alone with the forbidden)

Adam’s paintings are paintings from dawn. There are fluorescent oranges and pinks rising from the background as a morning light that struggles to come out.

- Yes, there is one of the titles that’s from a song by Booba ‘Scarface’. I like the idea that music is a privileged emotional space. Booba for example talks about love in this song, although I’m sure he wouldn’t in everyday life.

Adam’s paintings are portraits of the duality. Of course, the characters are always two, in the embrace, in the conflict. The paintings are the representation of an idealized love as the one we find in tales, an interaction raw and sincere that makes the skin a little blue as if the bodies had fought late in the dirt, as if they were covered in soot.

- We’re looking for ourselves in the mirror. I believe that deep down we experience relationships to better know ourselves.
- And the dogs ?
- What about them ? The dogs are a metaphore. It’s an animal. He too is caught up in relationships but he’s not sexual. He is more aggressive.

I realize that in Adam’s paintings, men aren’t sexual either. Their bodies are uncomfortable. They are slightly in pieces. They are chiseled like rocks.

- You won’t make anymore ?
- Dogs ? Of course I will !

Adam tells me he wanted to talk about love in art school but he refused to be listed as a man who painted men. He remembers that he wanted mostly to talk about feelings and he was mocked. People called his ambition too superficial. ‘You gotta stop make everything about the heart’, some teachers said.

- I didn’t understand. That’s when I started painting dogs. Then I had enough of the dogs, and now I have enough of the boys…
- Basically they’re the same ?
- The subject is the same yes. The bond.
- …
- I had a horrible nightmare last week. There was nobody coming to my opening, nobody!
- Hum, maybe you miss the dogs I think.


– Elisa Rigoulet